C’est peut-être pour retrouver quelque-chose de la « simplicité » cistercienne que de nombreuses personnes rejoignent ND de Baumgarten, le temps d’un office ou pour quelques jours de ressourcement. On ne trouve pas Dieu uniquement au monastère, « Dieu soit loué ! » s’exclame Soeur Agrippa, mais les abbayes sont pourtant des lieux privilégiés pouvant offrir des valeurs devenues plus rares dans le monde.

«Nous avons changé de lieu, certes, mais notre mission, elle, reste la même : offrir à Dieu louange et action de grâce… porter devant lui les cris, les peines, mais aussi les joies de tous les humains. Au monde qui se demande souvent à quoi nous pouvons bien servir, nous pourrions répondre que nous ne servons à rien d’autre qu’à cela, mais que nous servons à tout cela. S’il n’y avait ni monastères, ni personnes engagées pour y vivre une vie religieuse et spirituelle, il manquerait des lieux de respiration pour le monde. Voilà notre raison d’être : intercéder pour ce monde qui est le nôtre, chercher Dieu dans le retrait et la solitude et le « partager »  dans une communion fraternelle avec tous. »

Pour autant les moniales ne vivent pas repliées sur elles-mêmes. Quatre sœurs sont membres du comité directeur de l’Association des Amis de l’Abbaye  créée le 26 mars 2011. Elles sont vice-présidente, secrétaire adjointe, trésorière adjointe, assesseurs. « Nous avons la chance d’être largement soutenues par l’association des amis qui nous conseillent, nous secondent dans la mise en œuvre de certains projets, qu’ils soient matériels, spirituels ou culturels. Des bénévoles non adhérents à l’association sont toujours prêts eux aussi à voler à notre secours lorsqu’une tuile nous tombe dessus, et même en-dehors des « tuiles » qui, fort heureusement, ne tombent pas tous les jours ! C’est dans une belle collaboration, forts de leur savoir-faire, qu’ils nous font le don de leurs compétences dans les domaines les plus divers. Ou encore, tout simplement, ils viennent partager notre prière et nous offrent leur amitié ».

 

Tout doit être éclairé par un regard de foi…

Le matériel, l’économique, le spirituel… Il existe une interaction entre ces trois dimensions de la vie monastique et tout dans l’abbaye doit être éclairé par un regard de foi.

Pour vivre une vie spirituelle et fraternelle “libre” nous avons à considérer et toujours à revoir notre rapport au choses matérielles qui demandent notre respect, et aux moyens qui nous sont offerts : le silence “qui nous plonge dans un mystère d’écoute” la solitude, “nécessaire pour un autre type de présence les unes aux autres, comme aussi pour vivre la présence universelle”, le travail nécessaire pour subvenir aux besoins de la communauté et partager avec les plus nécessiteux.

“Pour qui se livre à l’action de l’Esprit, il n’y a pas de cloisonnement étanche entre des activités spirituelles et d’autres, profanes ; le service fraternel ne concurrence pas le service de Dieu. Tout peut devenir chemin pour aimer, tout peut délivrer une trace de la présence de l’Aimé. » Finalement, toutes les observances monastiques, la séparation du monde, le silence, l’office liturgique, la prière continuelle, tout a pour but de faire revenir la moniale à l’intérieur d’elle-même, dans l’unité de son être. « Oui, et c’est cette unité intérieure qui nous est promise par saint Benoît. A condition que nous répondions à son invitation. Mais n’est-il pas vrai qu’elle nous saute aux yeux du corps et à l’oreille du cœur lorsque nous ouvrons le livre de sa Règle ? « Ecoute… »