Mes soeœurs, et vous les laïcs cisterciens, vous connaissez mieux que moi la vie et la Règle de St Benoît. Si j’ai sans doute un petit avantage sur la plupart d’entre vous, c’est d’avoir visité à plusieurs reprises, avec les confrères qui venaient nous visiter à Rome, la grotte de Subiaco et l’abbaye du Mont Cassin. Alors, ce que je vais dire, je l’emprunte à ceux qui connaissent St Benoît. Ce que nous avons entendu dans le livre des Proverbes, lors de la première lecture, rejoint bien les premiers mots de la Règle de St Benoît : « Ecoute mon fis, prête l’oreille de ton cœur. »  Le début du Livre des Proverbes le disait à sa façon :  » Mon fils, accueille mes paroles, rends ton oreille attentive, incline ton cœur vers la vérité. » Les auteurs qui expliquent la Règle de saint Benoît insistent sur le fait que les actes prescrits par la Règle monastique ne sont valables que s’ils favorisent l’approfondissement de l’amour ; Saint Bernard l’explicite clairement :  » Il n’est pas bon de jeûner si notre jeûne nuit à la charité ; ou de faire oraison quand la prière fait obstacle à l’amour qu’on doit à Dieu même et aux frères. Une seule chose peut se pratiquersans aucune modération : l’amour de Dieu et des frères en Dieu et par Dieu  » Nous sommes donc invités à pratiquer cet amour de Dieu et de nos frères et sœurssans modération.

         Comme disait un moine bénédictin : « Si la vie monastique présente un côté difficile, c’est principalement et surtout dans la conversion des habitudes, dans l’effort constant et incessant de transformer par la grâce de Dieu notre individualisme pour devenir des membres aimables du Christ. Et ceci est une entreprise qui ne peut réussir si le moi néglige ce que lui impose la vie qu’il a embrassée : l’obéissance, l’humilité, la charité et la simplicité ; la renonciation aux projets personnels au bénéfice des frères. » St Benoît le dit clairement, je le cite:  » que personne ne cherche son propre intérêt, mais celui de l’autre ».  St Paul aux Ephésiens, c’était notre deuxième lecture, allait dans ce sens ; je cite St Paul : « En toute humilité et douceur, avec patience, supportez-vous les uns et les autresdans l’amour. »

         Je continue à citer ce moine bénédictin : « L’ascèse bénédictine, je pense que cela est valable également pour la vie cistercienne, est faite de silence, de solitude, d’humilité, de travail manuel, d’oraison liturgique, elle est fondée sur l’union au Christ et aux frères dans la charité. Elle a pour objectif de nous conduire à nous mettre sous la direction du Saint-Esprit, dont les fruits sont comme nous le rappelle l’Apôtre :  » charité, joie, paix, patience, bienveillance, bonté, confiance, mansuétude, maîtrise de soi « . (Galates 5, 22)

         Tout à l’heure, dans l’office des lectures qui nous est proposé aujourd’hui, il y avait quelques éléments du prologue de la Règle de St Benoît. Un passage m’a plu, je cite St Benoît : « Les moines s’honoreront mutuellement de leurs prévenances; ils supporteront très patiemment les infirmités d’autrui, tant celles du corps que celles de l’esprit ; ils s’obéiront les uns aux autres ; nul ne cherchera ce qu’il juge utile pour soi, mais plutôt ce qui l’est pour autrui; ils auront pour Dieu une crainte inspirée par l’amour; ils auront pour leur abbé un amour humble et sincère ; ils ne préféreront absolument rien au Christ, qui veut nous conduire tous ensemble à la vie éternelle. »    

 

         Que St Benoît, guide des moines  d’Occident et patron de l’Europe, nous inspire une grande fidélité dans cette recherche du Christ quelle que soit la vie à laquelle le Christ nous a appelés.