La Croix Glorieuse et les instruments de la Passion portés par les anges
(photo internet)

Dans notre région, comme dans d’autres régions de France, principalement en Bretagne, nous trouvons de très beaux calvaires, de belles croix érigées dans nos campagnes. Certaines de ces croix sont admirablement fleuries tout au long de la belle saison. Ainsi, au sommet de la colline d’Eichhoffen, à l’intersection de la route d’Andlau et d’Epfig, une croix est admirablement fleurie. C’est un homme qui fleurit cette croix chaque année et qui transporte l’eau depuis sa maison à plus d’un kilomètre. Quand je le rencontre, je le félicite et le remercie pour son respect de la croix du Christ.

Nous parlons de croix glorieuse du Christ. Croix et gloire ! Etrange association de deux réalités totalement opposées l’une à l’autre.  La croix était le supplice le plus humiliant, le plus avilissant. D’ailleurs les premiers chrétiens jusqu’au 5° siècle ne représentaient jamais le Christ en croix ; ce n’est que lorsque ce supplice de la croix est tombé en désuétude que les chrétiens pouvaient ériger des croix, remplacer l’acrostiche « ICHTUS » par la croix et se reconnaître comme chrétiens par le signe de la croix.

 Nous parlons fréquemment de nos épreuves comme des croix à porter : épreuves de santé, épreuves de décès d’un être qui nous est cher, épreuves de la vie quotidienne en communauté, épreuves dans notre travail. Rien de glorieux dans tout cela ! La croix du Christ fut très lourde à porter également : souffrance dans son corps, souffrances dans son coeœur parce que trahi, renié et abandonné par ses apôtres. Le Christ n’a pas cherché la souffrance; au contraire il l’a soulagé partout où il l’a rencontrée. Sa mort lui faisait peur, il a ressenti tristesse et angoisse, nous disent les évangélistes.

 Alors comment parler de croix glorieuse ? Tout simplement parce que Jésus a fait de sa mort sur la croix un chemin de vie, un chemin d’amour. Beaucoup de personnes se rebiffent devant les croix ou épreuves à porter, certaines s’en prennent à Dieu comme si Dieu se complaisait dans les souffrances humaines; Jésus, lui, a fait de la croix un chemin d’amour en donnant par amour sa vie. Il y a une parole de Jésus dans l’évangile de St Jean qui exprime cela admirablement, lorsqu’il dit : « Ma vie, nul ne la prend, c’est moi qui la donne. » Jésus a accepté de donner librement sa vie. Le Christ en  croix, les mains largement ouvertes vers l’humanité, a fait de la croix un signe d’amour d’une vie donnée par amour. La croix est devenue un arbre de vie dont les ramifications, grâce au travail missionnaire, s’étendent jusqu’aux extrémités de la terre.