Notre Aumônier, le Père Pierre, Spiritain, nous a fait une belle homélie pour l’occasion, dont voici le texte ci-dessous.

 

« Vous seriez plus compétentes que moi, mes Sœurs, pour parler de vos saints Fondateurs en lien avec ces trois textes de l’Ecriture que nous venons d’entendre. A défaut, ce n’est que ma parole.

 

« Lorsque Robert, abbé de Molesme, quitta son monastère qu’il avait d’ailleurs fondé lui-même, avec une vingtaine de ses moines, dont le prieur Albéric et le sous-prieur Étienne, en 1098, il avait déjà 70 ans. Un peu comme Abraham, qui partit, lui, à 75 ans pour obéir à cet appel de Dieu dont nous parlait la Lettre aux Hébreux, notre deuxième lecture. Toute la vie de Robert est jalonnée par une recherche spirituelle incessante… recherche par un désir d’authenticité, par une volonté de revenir aux sources de l’évangile et de la Règle de saint Benoît vécus en leur pureté et en leur intégrité.

 

Nous venons d’entendre dans la lecture ces paroles : « C’est dans la foi que nos ancêtres sont tous morts sans avoir connu la réalisation des promesses. » On pourrait appliquer ces paroles à vos Pères fondateurs car eux-aussi sont morts sans avoir connu l’expansion de l’ordre cistercien à travers le monde, mais comme les ancêtres bibliques, ils ont vécu dans la foi leur nouvel itinéraire dans la fidélité au premier fondateur, Saint Benoît et dans la fidélité à l’Esprit Saint. Le Sage de l’Ancien Testament a tellement magnifié les ancêtres qu’il a minimisé les épreuves qu’ils ont connues et parfois le rejet.

 

Les Saints que nous célébrons aujourd’hui ont connu également des épreuves, des incompréhensions, Robert a été taxé par les mauvaises langues d’être un inconstant. Les épreuves sont d’ailleurs  le lot de presque tous les fondateurs ou réformateurs. On connait le cas de fondateurs d’ordres religieux qui ont été écartés de leur vivant par leurs sujets. Des Réformateurs d’ordres comme Saint Jean de la Croix et Thérèse d’Avila étaient en butte à de nombreuses difficultés de la part de leurs frères et sœurs. Vos trois Pères fondateurs ont connu des difficultés analogues. « Leur descendance subsistera toujours » disait encore le Sage; vous en êtes témoins, mes Sœurs, ainsi que toutes les communautés cisterciennes d’hommes et de femmes à travers le monde.

 

Dans la lettre aux  Hébreux, il y a un passage que l’on pourrait appliquer à vos Pères fondateurs. C’est le suivant : « S’ils avaient pensé à la patrie qu’ils avaient quittée, ils auraient eu la possibilité d’y revenir ». Mais précisément, ils ne voulaient plus revenir au monastère qu’ils avaient quitté; ils voulaient appliquer et vivre la règle de saint Benoît par une  pratique plus grande de la pauvreté. Cette pauvreté dont Jésus vient de nous parler dans cet Evangile, une pauvreté qui est toujours difficile mais qui peut être vécue car rien n’est impossible à Dieu.

 

C’est par cette pauvreté que nous rejoignons la fondation de Cîteaux qui a été initiée dans une grande pauvreté. Les débuts du « Nouveau Monastère » étaient difficiles : grande pauvreté de vie et même un certain dénuement, peu de recrutement au départ. Le premier emplacement est vite abandonné par suite du manque d’eau courante.

 

Pour en revenir à l’Evangile, je pense que nous nous reconnaissons bien dans ces personnes qui ont quitté, pour le Christ et l’évangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre. Le Christ nous promet le centuple; je pense que nous avons tous connu une nouvelle parenté, d’autres sœurs, frères, mères. Dieu ne se laisse pas vaincre en générosité. Mais ces promesses de Jésus s’appliquent prioritairement à la communauté ecclésiale que Jésus a fondée et qui a accueilli jusqu’aujourd’hui de nombreux frères et sœurs, des maisons, des terres et aussi, hélas,  des persécutions. L’actualité récente nous relate de nombreuses persécutions de chrétiens dans le monde, au Nigeria, en Egypte, au Soudan…

 

Si les exigences du Christ à tout laisser pour le suivre, si ses exigences de pauvreté sont parfois difficiles à vivre, si la stricte observance est plus difficile à vivre dans les faits que dans les simples paroles, alors notre regard doit se tourner vers Jésus, qui dans sa vie itinérante, n’avait pas où reposer sa tête, tout entier tourné vers l’accomplissement de la volonté de son Père. Que l’exemple de vos Pères vous stimule dans cette fidélité à la vocation bénédictine dans ses exigences premières. Que les saints Robert, Albéric et Etienne vous aident à vivre ce qui faisait l’essentiel de leur propre engagement et vous accompagnent sur votre route quotidienne. »

 

 

 

 

 

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