« La table commune fortifie l’union des sœurs » (St. 13.1.a)

« Quand des hommes décident de mener la vie communautaire en se consacrant à Dieu, ils ne peuvent laisser au hasard la manière dont ils prendront ensemble leurs repas. L’architecture médiévale des monastères montre que le réfectoire est comme une réplique de l’église : de la liturgie au choeur on passe à celle de la table, car le repas prolonge l’Eucharistie. »  (Fr. Etienne Ricaud, osb)

simone exo incendie 16 mars 13 093Le réfectoire n’est pas un restaurant, ni un self ou un snack. C’est un lieu où se vit une forme de liturgie autour du repas communautaire : Nous nous y rendons en procession directement depuis la chapelle où nous venons de prier l’office. Et c’est encore pour la prière uniquement que nous ouvrons les lèvres, écoutant ensemble un passage de l’Evangile du jour. Puis Benedicite et Deo Gratias sont les deux prières de table qui encadrent le déjeûner et le dîner. La première pour demander à Dieu de bénir la nourriture que nous allons prendre, la seconde pour lui rendre grâce de nous avoir procuré les fruits de la création destinés à refaire nos forces. Le réfectoire est aussi le lieu où, tout comme à la chapelle, nous avons une place « reçue », un rang.  Nous y arrivons ensemble et le quittons, non pas à notre gré, mais ensemble au signal de la supérieure. Le temps du repas est l’unique moment, en dehors de l’Eucharistie, où nous sommes toutes réunies.

« Partout il faut mettre un frein à sa langue toujours prête à parler, mais il le faut surtout à table » (saint Bernard).

Selon une coutume monastique très ancienne nous prenons nos repas en silence, ce qui leur confère une certaine beauté, tandis qu’une soeur désignée pour la semaine assure une lecture à voix haute d’articles de presse, ouvrages spirituels, historiques ou autres. La soeur lectrice, elle, se restaurera après que l’ensemble des soeurs aura quitté la table. Les dimanches la lecture est remplacée par un fond musical. Il est bon de nous retrouver sans avoir rien à nous raconter, mais à nous redire en silence que l’Essentiel, l’Invisible est si fort dans nos vies, et que ce ne sont pas les paroles échangées qui nous unissent, mais que c’est la table, le pain de chaque jour reçu de Dieu, notre Père.

Durant les quarante jours du Carême, nos habitudes alimentaires ne sont guère plus rigoureuses qu’au long de l’année, si ce n’est le Mercredi des Cendres et le Vendredi Saint. Pain et eau à midi, potage, fromage blanc et pain le soir constituent ces jours-là notre principale nourriture. Oh, ce n’est pas pénible, non ! C’est même bienfaisant… « Le jeûne monastique exprime l’humble condition de la créature devant Dieu, suscite dans le coeur de la moniale le désir spirituel et fait participer à la compassion du Christ envers la foule de ceux qui ont faim. » (Constitutions des moniales, Chapitre C.28 : Le jeûne)